Carte interactive du groupe EELV – Haut Val de Marne
Ceci est un essai de visualisation cartographique des activités du groupe Europe Ecologie / Les Verts du Haut Val de Marne. On pourrait y trouver la localisation des militants (en vert) , le signalement de problèmes (en rouge), des propositions d’actions (en bleu), etc.
Merci de m’envoyer idées ou suggestion pour améliorer ce premier essai
Claude Grasland (claude.grasland@wanadoo.fr)
Le point de vue de Jean-Pierre Girault sur « Grand Paris Express »
Longtemps élu local Verts à Boissy-Saint-Léger, Jean-Pierre Girault a quitté son mandat en 2004 pour se consacrer pleinement à sa mission à la Région Ile de France où il avait été élu conseiller régional Verts. Président de la commission transports et circulation à la Région Ile de France de 2004 à 2010, il y a développé ses priorités pour les transports : le développement de l’intermodalité, notamment rationaliser les correspondances entre les différents modes de transport, et l’information aux voyageurs et les modes alternatifs au-delà des gares.
Bonjour
Quelqu’un m’a demandé des renseignements sur Grand Paris et Arc Express devenu Grand Paris Express. Pour que tous et toutes puissent en profiter, voici les documents, carte et protocole d’accord
A l’AG d’Orbival,
J’ai fait remarquer aux autres membres de l’association que les coûts sont donnés avec des chiffres de 2008. C’est vraiment se moquer du monde. Puisque le budget est annoncé en 2011. Il faut déjà rajouter à ce protocole plus d’un milliard de réactualisation en prenant une inflation d’1% minimum par an. Quel financement ?
- L’ensemble des maires souhaite que les travaux démarrent le plus vite possible. Pour ce faire, Daniel Breuiller et moi-même avons demandé que la maîtrise d’ouvrage de cette partie de Grand Paris Express soit confiée au STIF. J’ai insisté sur l’importance des interconnections qui sont actuellement du ressort du STIF et des gares routières et vaste parking à vélo à y adjoindre. J. Martin CG94 et Maire de Nogent a demandé qu’elle soit plutôt confiée à la SGP (Société du Grand Paris) qui a la compétence valorisation foncière.
- On a appris que les gares qui n’ont pas de vaste terrains autour d’elles seraient exemptées de la valorisation foncière imposée par la SGP. Première application à St Maur, qui dès lors accepte une gare à St Maur-Créteil.
D’autre part à l’inauguration festive du rail Orbival, qui a suivi le CA j’ai appris 2 choses :
La SGP a décidé de commencer par l’Est. Petit rappel, Christian Garcia chargé des relations institutionnelles à la SGP est l’ancien directeur d’Orbival ! Pour prendre le STIF de vitesse quant à la maîtrise d’ouvrage sur cette partie, la SGP :
- a déjà embauché 70 personnes, ce qui va permettre d’accélérer la mise en route du projet final
- a commencé les RDV avec les maires. RDV pour la valorisation foncière et RDV pour acheter un terrain où seront construites les voies de garage pour ranger les métros la nuit.
N’étant plus Conseiller Régional, j’ai laissé ma place au bureau de l’Association et en tant que trésorier à Daniel Breuiller.
Post scriptum : questions / réponses
Suite aux premières réactions à ce billet, voilà ce que j’ai répondu aux interrogations de quelqu’un :
- L’intersection entre Arce Express et la ligne A en gare de St Maur figure sur le dernier plan publié par l’Etat. Ce n’était pas le cas au départ ? Lorsque j’ai annoncé que St Maur avait accepté d’avoir une gare, c’est parce que c’était une nouvelle fraiche. Bien entendu, si ce fait avait été sur la carte, il n’y aurait eu aucune nécessité de ma part de l’annoncer.
- L’Est, est-ce le 94 ou le 93 ? L’Est c’est les 2, Orbival et le 93. Preuve en est que le terrain que la SGP compte acheter rapidement afin d’empêcher une autre boucle, est un terrain situé à Champigny au-delà du décrochage vers Fontenay.
- Sera-til possible de livrer tous ces beaux projets en 2025, quand on voit le temps mis pour livrer un simple prolongement de ligne de métro ? Oui la livraison de TOUS ces beaux projets est prévue pour 2025, voire 2030 ou plus, si jamais tout est réalisé. Je ne sais pas si tout sera réalisé, tout ça dépendra de l’engagement réel de l’État. Mais la première partie est prévue pour 2018. Pas besoin d’attendre que tout soit fini pour livrer ce qui est achevé ! Ce qui me parait évident et de bon sens. C’est pourquoi, avec le STIF et la Région, j’ai toujours préféré parler d’ARC Express. Opérons par « arcs » et non sur un projet, qui lui ne verra peut-être jamais le jour dans sa totalité.
- Où se trouvent les principales difficultés de réalisation du projet ? Dans un projet de métro, les 2 parties qui posent des problèmes sérieux sont les difficultés de recours avec le voisinage, et l’implantation de la gare de rangement des trains. Or, Orbival travaille sur le parcours et donc sur les difficultés avec le voisinage depuis 5 ans, je crois. Ce ne sont pas 5 années perdues, mais 5 années gagnées sur tous les autres projets cités. Quant à la gare d’entreposage, ce sera la première fois qu’elle sera décidée aussi rapidement. Certainement, très bientôt à Champigny, sur un terrain gelé par l’état qui devait y réaliser une autoroute vers Chennevières-Sucy. Dans les autres projets cités c’est un double problème. D’abord le lieu. Ensuite le coût. Prolonger un métro d’une ou 2 stations, c’est complètement irrationnel financièrement. C’est notamment la raison pour laquelle la ligne 14 n’a jamais été reportée jusqu’à la porte d’Italie. Refaire plusieurs voies de garage pour des dizaines de métros coûte plus cher que de faire 2 stations. Il faut donc que la nécessité soit tellement forte que l’on passe outre sur le sur-coût énorme.
Jean-Pierre Girault –
Militant EELV94 – Boissy-Saint-Léger
La vidéosurveillance arrive dans nos communes : bienvenue au Village …
Inefficace contre l’insécurité, coûteuse pour les budgets municipaux et dangereuse pour les libertés individuelles, la vidéo surveillance est sur le point de se diffuser dans les communes du Haut-Val-de-Marne, sous la pression de l’Etat-UMP et des intérêts privés. Comment résister ?
Bienvenue au village ! L’exemple de la commune de Chazey d’Azergues (Rhône)
Les maires des communes du Haut Val de Marne qui viennent de lancer des études pour installer des caméras de vidéo surveillance devraient méditer l’exemple de cette commune aisée mais vieillissante de la banlieue lyonnaise qui a connu récemment la célébrité pour avoir installé 37 caméras pour 3900 habitants, soit presque une caméra pour 100 habitants, record de France en la matière ! Comme le rapporte un article de Laurent Burlet publié dans Lyon Capitale et repris par Rue 89,
» Avec un tel ratio, cette bourgade coquette du Sud Beaujolais tient certainement un record. On en compte notamment :
- quatre sur la mairie,
- cinq au stade de foot,
- six sur la crèche,
- trois à l’école maternelle,
- six à la primaire.
Cette aimable plaisanterie a tout de même coûté à la commune 80 000 Euros (dont 34 000 pris en charge par la préfecture). On peut donc calculer que pour une commune de 26000 habitants comme Sucy-en-Brie, il faudrait 260 caméras pour atteindre le même ratio d’une caméra pour 100 habitants. Le coût d’un tel équipement équivalent serait de plus d’un demi-million d’euros au bas mot. Peut-être même faudrait-il davantage de caméras, car la population de Sucy-en-Brie est provisoirement plus jeune que celle de Chazey d’Azergues et comporte beaucoup d’écoles maternelles et primaires, sans parler des collèges et du lycée… Mais il est vrai que les crèches sont en nombre insuffisant donc on pourra économiser un peu de ce côté là !
Tout ça ne vous rappelle rien ? Allons, un petit effort de mémoire et vous reconnaîtrez certainement les personnages de cette série culte de la BBC :
Comment organiser la résitance face aux dérives sécuritaire de la vidéosurveillance en Ile de France ?
La première chose à faire est de s’informer et de constituer un dossier sur la vidéo surveillance, son efficacité supposé, les intérêts économiques qui sont derrières, les formes légales de résistance (via la CNIL, notamment), etc. Le document le plus utile pour amorcer la réflexion est le dossier de 4 pages mis au point par la Ligue des Droits de l’Homme et RAVIF (Réseau Anti Vidéo Surveillance en Ile de France).
Cliquez ici pour télécharger le document au format PDF.
Conclusion : ne pas se résigner !
Un peuple qui est prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l’une ni l’autre et finit par perdre les deux (Benjamin Franklin)
Les membres du parti socialiste condamnent mollement les dérives sécuritaires de l’Etat UMP, mais installent des caméras dans de nombreuses villes qu’ils dirigent, notamment à Paris. Les membres du mouvement Europe-Ecologie Les Verts doivent clairement affirmer leur différence sur ce dossier et avoir le courage de ne pas faire la politique des sondages (cf. vote du conseil Municipal de Sucy-en-Brie en Décembre 2010 où seule l’élue Verte s’est opposée au lanement d’une étude d’implantation des caméras de vidéo-surveillace, tandis que le parti socialiste s’abstenait).
Que les citoyens veuillent plus de sécurité est une chose. Qu’ils soient près à sacrifier leur liberté en est une autre. Les caméras de vidéo surveillance ne sont ni efficaces, ni utiles. Il faut s’y opposer résolument et expliquer pourquoi nous le faisons.
Claude Grasland
Europe-Ecologie/ Les Verts, Sucy en Brie
Atlas du Haut Val de Marne (7) : Synthèse socio-économique
Nous terminons (provisoirement ?) la publication des planches de l’Atlas du Sud-Est du Val-de-Marne en vous proposant une carte de synthèse des différences sociales et démographiques des quartiers du Val-de-Marne. C’est l’occasion de souligner l’originalité du quart sud-est du département, marqué notamment par la dépendance automobile.
1. Cinq critères pour une synthèse
Nous proposons d’établir une classification sociale et démographique des quartiers du Val-de-Marne à partir des cinq critères suivants, obtenus sur le site de l’INSEE et analysés plus en détail dans les chroniques précédentes de l’Atlas.
- Le taux de chômage (CHOMAGE) constitue le premier critère retenu. Il a fait l’objet d’une analyse détaillée par âge et par sexe (Atlas 4 : la vulnérabilité face au chômage).
- Le nombre de personnes par ménage (LOGEMENT) n’a pas été étudié directement dans les chapitres précédents, mais il constitue un critère essentiel de différenciation des quartiers du Val de Marne puisqu’il mesure à la fois l’ancienneté du bâti (les logements anciens étaient plus petits que les logements modernes) et le vieillissement des habitants (les ménages avec enfants et les célibataires).
- Le nombre moyen d’automobile par ménage (AUTOMOBILE) permet de mesurer à la fois le revenu des habitants mais aussi et surtout la disponibilité de transports en commun à proximité. Il a fait l’objet d’une analyse détaillée (Atlas 3 : la dépendance automobile)
- Le revenu médian par unités de consommation (REVENU) est le critère le plus direct de mesure des inégalités sociales. Il a été étudié dans la première chronique de l’Atlas (Atlas 1 : les revenus par quartiers et communes en 2007)
- L’âge moyen des habitants (AGEMOY) est enfin le critère le plus simple pour exprimer le degré de vieillissement des habitants, même s’il manque des nuances qui ont été détaillées dans l’analyse plus approfondie (Atlas 5 : Vieillissement, retraite et dépendance).
Nous n’avons en revanche pas retenu le critère du nombre d’emplois par habitant qui avait fait l’objet de l’une des premières chroniques (Atlas 2 : emplois et actifs) car il concerne davantage l’économie des communes que les caractéristiques socio-démographiques des habitants.
Le tableau de données décrivant les 500 et quelques quartiers du Val-de-Marne a
été complété pour estimer une dizaine de valeurs manquantes relatives
aux taux de chômage. Nous avons pris comme estimation le taux de chômage
d’un quartier voisin de la même commune ayant les mêmes
caractéristiques pour les quatre autres critères. Nous avons par
ailleurs éliminé tous les quartiers industriels comportant moins de 500
habitants car ils présentaient souvent des valeurs aberrantes, en
raison du faible nombre de personnes présentes. Ces quartiers
apparaissent en gris sur les cartes.
2. Sept grands types de quartiers
Une méthode statistique simple et robuste, appelée classification ascendante hiérarchique (critère de Ward) permet de regrouper les quartiers qui se ressemblent pour les critères retenus. Sans entrer dans trop de détails techniques, on peut dire que la méthode va analyser les spécificités de chaque quartier par rapport au profil moyen du Val-de-Marne, puis regrouper les quartiers ayant les mêmes écarts positifs ou négatifs à cette moyenne départementale. Le choix du nombre de classe dépend de la qualité du résumé que l’on veut obtenir, sachant qu’il faut trouver un bon compromis entre un nombre de classes trop élevé (précis mais peu synthétique) ou trop faible (synthétique mais peu précis). Ici, le choix de 7 classes apparaît le meilleur pour résumer les traits essentiels des oppositions entre les quartiers du Val-de-Marne. Une fois réalisée la typologie, on peut présenter dans un tableau le profil moyen de chaque type.
Ce tableau indique par exemple que les quartiers de type A.1 (Bois l’Abbé) se caractérisent par un taux de chômage de 15%, un nombre moyen de 3 personnes et 0.75 automobiles par ménage, un revenu médian de 11733 euros par unité de consommation et un âge moyen des habitants de 34.1 an. Pour faciliter l’interprétation de ces chiffres, il est pratique de les standardiser afin de les comparer à la valeur moyenne du Val-de-Marne et à la variation des valeurs autour de cette moyenne.
Valeur standardisée = (valeur de départ – moyenne) / écart-type
Cette valeur standardisée est en général comprise entre -2 et +2. Elle exprime la distance à la moyenne du département mesurée en écart-type. On peut facilement l’interpréter à l’aide de la grille de lecture suivante :
- -2 : très faible
- -1 : faible
- 0 : moyen
- +1 : fort
- +2 très fort
Si on examine à nouveau la situation du type A.1 en valeurs standardisées, on voit beaucoup plus facilement l’originalité de quartiers qui sont caractérisés par un très fort taux de chômage (+1.4) et un nombre élevé de personnes par logement (+1.6). Il s’agit d’une population relativement jeune (-1.2) mais à très faible revenus (-1.5), avec un usage de l’automobile inférieur à la moyenne départementale (-0.7).
En procédant de même pour chaque type, on saisit facilement ses caractéristiques originale par rapport au reste du département et on peut procéder à des regroupements des classes proches en types principaux (A,B,C,D) et en sous types (A.1, A.2, B.1, B.2, C, D.1, D.2).
3. Une géographie sociale du Val-de-Marne
- Les quartiers récents, pauvres et à population jeune (type A) se concentrent dans des zones de grand habitat collectif récent situées à une dizaine de kilomètres de Paris. Ils couvrent parfois des zones étendues (Valenton-Villeneuve) mais le cas le plus fréquent est l’apparition d’enclaves situées en marge des communes ou à cheval sur les frontières de celles-ci (ex. entre Bonneuil et Créteil). On peut distinguer un sous-type « Bois l’Abbé » (A.1) à très faible revenu et très fort taux de chômage et un sous-type « Mont-Mesly » (A.2) avec une situation plus proche de la moyenne départementale sur les deux critères.
- Les quartiers mixtes à urbanisation ancienne (type B) se situent aux abords immédiats de Paris et correspondent à une étape plus ancienne de l’urbanisation du Val-de-Marne, avec une forte composante de maisons individuelles ou de petits habitats collectifs. Il s’agit d’anciens quartiers ouvriers qui gardent pour certains une composante populaire avec taux de chômage élevé (sous-type B.1 « Ivry ») et pour d’autres un profil plus moyen (sous-type B.2 « Saint-Maurice »).
- Les quartiers d’habitat individuel situés en marge de l’agglomération (type C) correspondent à la vague la plus récente d’urbanisation liée à l’automobile. Il s’agit évidemment des lotissements qui se sont développés entre les grandes lignes de transport en commun, produisant un mitage des espaces ruraux ou naturels. Si le fort taux de motorisation constitue sa caractéristique première, ce type se marque aussi par des revenus assez élevés, un faible taux de chômage et un vieillissement relativement élevé de la population. On peut le caractériser de type « Marolles », cette commune étant un exemple caricatural d’urbanisation d’un ancien village agricole par des lotissements desservis par automobile.
- Les quartiers riches à population âgée (type D) se concentrent autour du bois de Vincennes et des boucles de la Marne, ainsi que dans quelques localisations plus isolées. On y distingue un sous-type « Vincennes » (D.1) caractérisé par un urbanisme dense de type parisien et une relative mixité, par opposition à un sous-type « Saint-Maur » (D.2) qui est beaucoup plus marqué par l’habitat en grandes maisons individuelles et une ségrégation sociale nettement plus accentuée. Les deux types se différencient également par l’usage beaucoup plus élevé de l’automobile dans le type D.2 que dans le type D.1. Outre leur revenus très élevés, ces deux types de quartiers se caractérisent par un très fort vieillissement de leurs habitants.
4. Zoom sur le sud-est du département
La communauté de communes du Haut-Val-de-Marne se caractérise de prime abord par l’importance fondamentale des quartiers de type C à forte dépendance automobile. Il n’est finalement guère surprenant à la lumière de cette carte de voir que le débat public tourne de plus en plus autour des embouteillages, des risques d’accidents, des insuffisances des transports en communs … bref de tous les désagréments provoqués par cette très chère automobile (Cf. article « Des barbelés sur la prairie : comment Sucy et Saint-Maur ferment leurs frontières »).
Mais elles se caractérisent également par sa situation périphérique par rapport au pôle de richesse de Saint-Maur qui suscite à la fois envie et complexe chez les édiles locaux. A Chennevières comme à Sucy-en-Brie, quelques quartiers présentent des caractéristiques sociales et démographiques analogues à celles de Saint-Maur et leurs habitants réclament des politiques analogues à celle de la grande ville bourgeoise voisine (cas typique de la vidéosurveillance), oubliant que leur commune est autrement diverse et surtout moins coupée du reste du monde par la Marne que Saint-Maur !
Inversement, les communes du Haut-Val-de-Marne comportent des quartiers récents, pauvres et à population jeune, situés le plus souvent en marge à la fois sur le plan politique et géographique. Généralement trop peu nombreux pour faire basculer des majorités municipales solidement ancrées à droite, les habitants de ces quartiers servent en quelque sorte d’alibi social à des communes qui remplissent tant bien que mal les critères de la loi SRU (20% de logement social) mais se désintéressent ensuite le plus souvent de ces zones qui votent mal et surtout qui votent peu (fort taux d’abstention). Il suffit de superposer la carte des équipements collectifs sur la carte de typologie sociale des quartiers pour comprendre à qui vont en priorité les investissements communaux. Aux quartiers chics les salles de danse ou de judo, aux quartiers pauvres la vidéo-surveillance …
5. Quelle stratégie pour les militants Europe-Ecologie/Les Verts dans le Haut Val de Marne?
Si l’on superposait la carte des derniers résultats électoraux d’Europe-Ecologie ou des Verts à la typologie sociale présentée ici, on constaterait que ce sont les zones de type C et D qui offrent jusqu’ici les meilleurs scores à notre parti. En d’autres termes, il y a encore beaucoup à faire pour développer une écologie sociale et solidaire qui suscite l’adhésion dans les quartiers populaires. Si nous prenons au sérieux les trois piliers du développement durable, nous avons du pain sur la planche pour militer dans chacun des types de quartier de nos communes :
- Dans les quartiers à dépendance automobile (type C) : convaincre les habitants de renoncer progressivement à leur chère voiture pour passer aux modes de transport en commun ou au vélo.
- Dans les quartiers populaires à fort taux de chômage (type A) : convaincre les habitants que l’écologie politique c’est aussi la solidarité, que la nourriture biologique n’est pas réservée aux bobos, que les économies d’énergie peuvent alléger leur budget, …
- Dans les quartiers riches et vieux (type D) : convaincre les habitants que l’on emporte pas son argent dans la tombe et que le partage collectif offre autant de charmes que la possession privée.
C’est curieux, je sens bien les deux premières stratégies mais pas trop la dernière 😉
Claude Grasland
Militant Vert, Sucy-en-Brie
Atlas du Haut Val de Marne (6) : Les nouveaux projets de transports en commun
Les communes du Haut Val de Marne sont en marges des transports en commun actuels ce qui condamne leurs habitants à l’usage de l’automobile. Quels sont les espoirs d’amélioration future ? Au delà des deux projets concurrents Arc Express et Grand Paris, il est intéressant d’examiner le projet original déposé il y a quelques jours par les 10 équipes d’architectes de l’Atelier International du Grand Paris
1. L’Atelier International du Grand Paris contre-attaque.
Après avoir présenté en 2009, leur vision du Grand Paris, les
10 équipes d’architectes dont font notamment partie Jean Nouvel, Yves
Lion, Richard Rogers, et Roland Castro ont présenté leur
futur réseau de transports en commun qui a l’intérêt de s’appuyer sur une vision complète de l’agglomération, non limitée aux transports.
A l’instar d’Arc Express, les architectes ont choisi de mettre l’accent sur
l’interconnexion, en utilisant les lignes existantes et en développant
le aérien, à l’instar de grandes capitales asiatiques comme
Tokyo. L’objectif est de desservir tous les territoires des petite et
grande couronnes, et ce grâce à la création de 3 nouvelles lignes
express, pour relier 28 pôles d’échange et des gares TGV. Mais ils conservent l’idée du Grand Paris de développer un projet ambitieux qui ne se limite pas à une rocade en banlieue proche. En termes financiers, le projet proposé affirme rester dans l’enveloppe de 25 milliards qui est celle du Grand Paris, mais opte pour des solutions techniques différentes.
Parmi les originalités techniques, on notera l’idée de construire des lignes de transport au dessus des autoroutes existantes comme l’A86.
On notera également l’idée de reprendre des infrastructures existantes comme la ligne de Grande Ceinture, avec évidemment dans ce cas un risque de conflit d’utilisation entre le transport de personnes et le transport de marchandises.
2. Vision générale du projet des architectes
Sans analyser en détail le projet des Architectes, on remarquera qu’il constitue à l’évidence une tentative de compromis entre les deux projets actuellement soumis au débat public, et que le calendrier choisit pour le révéler n’est pas anodin. Après avoir été consultés sans être écoutés, les 10 architectes de l’Atelier International du Grand Paris cherchent visiblement à reprendre la main. Leur projet pourrait contribuer à la synthèse finale et il vaut donc la peine d’analyser en détail son tracé dans le Val de Marne.
3. Un maillage régulier du Val de Marne …
Pour avoir une idée plus précise de l’impact potentiel de ce projet, nous avons numérisé la carte publiée par les Architectes et tenté de la projeter sur le fond de carte communal que nous utilisons dans les livraisons de l’Atlas du Haut Val de Marne. La précision n’est pas parfaite car la carte publiée par les architectes n’est pas très précise, mais on peut tout de même repérer assez bien le tracé par rapport aux limites de communes et à la distribution de la population par quartiers (cercles noirs proportionnels au nombre d’habitants)
Par rapport au tracé antérieur en forme de radiales partant de Paris (lignes A et C), le projet des architectes produit un maillage régulier du département sous la forme d’un « filet » qui permet de rejoindre facilement les différents pôles d’activité (Orly, Créteil, Saint-Maur, Rungis, …). Si l’on ajoutait à la carte les lignes de métro et les bus en site propre, on aurait un maillage encore plus fin permettant de raccorder les zones situées à l’intérieur des mailles du filet. Il y a toutefois une exception évidente à cette couverture régulière, le sud-est du département où se situe la communauté de commune du Haut Val de Marne.
4. … à l’exception du quart sud-est
Le zoom cartographique montre que le maillage de transport en commun proposé par les architectes s’arrêterait grosso modo au bas du plateau de Brie, laissant à l’écart toute une zone où la faiblesse de la densité de population et sa dispersion ne rendrait pas rentable le passage d’infrastructure de transports lourdes.On voit bien que les points noirs représentant la population des quartiers sont ici petits ou espacés.
Il y aurait tout de même un progrès par rapport à la situation actuelle dans la mesure où la gare de Sucy-en-Brie deviendrait une connexion majeure entre l’ancienne ligne A et la ligne de grande ceinture désormais reliée vers l’ouest à Villeneuve-Saint-Georges ou Orly et vers le Nord à Saint-Maur, Champigny et Marne-la-Vallée. Deux itinéraires au moins s’offriraient pour rejoindre Paris, ce qui réduirait la surcharge sur le tracé de l’actuelle ligne A.
La situation serait en revanche plus préoccupante pour Boissy Saint Léger puisque, dans l’état actuel du projet des architectes, le tronçon Sucy-Boissy serait une sorte d’appendice en impasse par rapport au trajet principal. Il serait alors à craindre que la fréquence des trains y soit très faible et que le rabattement s’opère directement sur Sucy ou Valenton en voiture.
En ce qui concerne Chennevières, la polarisation se ferait vers la gare de Saint-Maur-Champigny qui deviendrait le noeud majeur d’interconnexion de l’est du Val de Marne, avec pas moins de cinq directions majeures. On n’ose pas imaginer les réactions de la mairie de Saint-Maur face à une telle perspective (Cf. Article « Des barbelés sur la prairie : comment Sucy et Saint-Maur ferment leurs frontières »).
Pour ce qui est du plateau Briard proprement dit, il n’y aurait finalement guère de changement et la voiture demeurerait sans doute le mode de rabattement principal. Tout au plus y aurait-il davantage de points de rabattement vers le réseau principal ce qui réduirait peut-être la congestion routière par rapport à la situation actuelle.
5. Conclusion : un projet global à forts impacts locaux
L’auteur de ces lignes étant beaucoup moins spécialiste de la question des transports que certains militants et sympathisants qui se reconnaîtront (J.-P.G., A.P.-V., H.G. …) nous espérons que ce billet suscitera de nombreux commentaires et éclaircissements. Il est en tous les cas certains que le projet de transport qui sera finalement adopté (Grand Paris ? Arc Express ? AIGP ? ) aura un impact majeur sur la vie des habitants des communes du Sud-est du Val de Marne.
Claude Grasland
Militant Europe Ecologie / Les Verts, Sucy-en-Brie
Atlas du Haut Val de Marne (5) : Vieillissement et retraites
Nous abordons cette semaine le thème du vieillissement démographique et de la réforme des retraites. D’un côté, les communes du Val de Marne se caractérisent par une population encore relativement jeune à l’échelle française. D’un autre côté, on voit augmenter dans certaines communes la part des plus de 60 ans. Les retraités qui quittaient jadis la région parisienne vont-ils désormais y demeurer ? Quel impact cela aura-t-il sur la vie des communes et des quartiers ?
1. Qu’est ce que le vieillissement et comment le mesurer ?
Lorsque l’on demande en France à une personne « quel est votre âge ?« , elle a généralement tendance à répondre en donnant la période de temps écoulé depuis sa naissance. Répondre « J’ai 40 ans » signifiera que j’ai franchi 4 décennies depuis ma naissance. Mais si l’on posait la question à un Camerounais, il répondrait peut-être en donnant sa distance non pas à la naissance mais à la mort. Dire « J’ai 20 ans » signifierait alors qu’il me reste environ 20 ans à vivre, quel que soit le nombre d’années que j’ai déjà parcourues.
La même question se pose lorsque l’on parle de la question des retraites. Un individu de 40 ans pourra dire « je travaille depuis 15 ans« , mesurant ainsi le début de sa période d’activité et il pourra ajouter, « j’en ai encore pour 25 ou 30 ans » s’il tente de prédire le temps qu’il lui reste avant sa retraite.
Enfin, et ce n’est pas le moindre problème, les années de travail ou de retraite seront appréhendées de façon différente selon que l’on sera en bonne santé ou que l’on souffrira de handicaps. C’est toute la question de l’inégalité face à la retraite des catégories sociales. Un article de la revue Populations et Sociétés intitulé « La double peine des ouvriers » montre ainsi que non seulement les ouvriers vivent moins longtemps que les cadres, mais en plus leur courte retraite comporte davantage d’années en mauvaise santé avec des handicaps.
On peut résumer ces réflexions à l’aide du croquis ci-dessous qui montre que l’âge d’un individu est en fait composé d’un ensemble de distances passées (distance à la naissance, au début de la vie active) et de distances futures (distance à la retraite, distance au handicap, distance à la mort).
Les lecteurs français du présent blog pourront s’amuser à calculer quelle est approximativement leur durée de vie restante à l’aide du diagramme ci-dessous.
Si vous êtes par exemple un homme de 40 ans, il vous reste environ 39 ans à vivre et vous avez juste franchi le milieu de votre vie. Si vous êtes une femme de 40 ans, il vous reste encore près de 45 ans à vivre et vous n’avez donc pas franchi le milieu de votre vie. Cet exemple simple montre que la seule distance à la naissance ne permet pas de résumer l’âge. En terme de distance à la mort, une femme de 40 ans n’est pas égale à un homme du même âge car il lui reste davantage à vivre. D’après l’étude de l’INED sur « La double peine … », un cadre supérieur de 35 ans aura encore devant lui 34 années de vie en bonne santé et 17 années avec des handicaps plus ou moins graves. Un ouvrier de 35 ans n’a plus devant lui que 24 années de vie en bonne santé et 17 années avec des handicaps plus ou moins importants.
En résumé, la notion de vieillissement doit tenir compte à la fois de la distance à la naissance (âge) et de la distance à la mort (espérance de vie) ou à l’invalidité (espérance de vie en bonne santé). Qu’en est-il pour la région Ile de France ?
2. L’Ile-de-France est une région jeune et en bonne santé à l’échelle européenne
Avec une moyenne d’âge de 37 ans en 2005, l’Ile de France est l’une des régions les plus jeunes d’Europe (carte de gauche). Elle dispose par ailleurs d’une espérance de vie en bonne santé (sans handicap) qui est de 74 ans ce qui est à nouveau parmi les meilleures situations en Europe (carte de droite). Lorsque l’on combine ces deux indicateurs, on peut en déduire un indicateur de développement démographique durable qui est le % d’années de vie en bonne santé restante . En Ile-de-France, ce rapport est de (74-37)/74 = 0.5, ce qui signifie que les Franciliens ont encore en moyenne devant eux 50% de leur vie en bonne santé. Tel n’est pas le cas de la plupart des régions européennes (carte du dessous).
On voit par exemple que dans certaines régions de Bulgarie, les habitants ont des moyennes d’âge de près de 40 ans et des espérance de vie en bonne santé de 60 ans. Leur indice démographique est alors de (60-40)/60 = 0.33 ce qui signifie qu’il ne leur reste plus guère qu’un tiers (33%) de leurs années de vie en bonne santé devant eux …
3. Le vieillissement des communes et quartiers du Val de Marne en 2007
S’il est relativement facile de calculer l’âge moyen des habitants des quartiers et communes du Val de Marne grâce aux données du recensement de 2007, il est difficile voire impossible de calculer leur espérance de vie en bonne santé et même leur espérance de vie tout court à un niveau géographique aussi fin. Les décès annuels ne sont en effet pas assez nombreux pour que l’on puisse estimer correctement la mortalité, sauf à prendre des périodes très longues ou à agréger les résultats par communes. On peut néanmoins avoir une idée assez bonne du vieillissement en regardant l’âge moyen des habitants et en gardant en tête le fait que l’espérance de vie en bonne santé est de l’ordre de 74 ans. On en déduit que les zones où l’âge moyen dépasse 37 ans correspondent à des territoires où les habitants ont franchi la moitié de leur durée de vie en bonne santé et peuvent être considérés comme « vieillissants ». Au contraire, les territoires où l’âge moyen est inférieur à 37 ans sont des lieux où les habitants ont encore plus de la moitié de leur vie devant eux et sont donc « jeunes ».
Le département du Val-de-Marne offre de très grands contrastes démographiques puisque l’on va de quartiers à population très jeune (moyenne d’âge inférieure à 30 ans) à des quartiers extrêmement vieillis (moyenne d’âge supérieure à 50 ans). Dans certains cas, le vieillissement est plus apparent que réel car il résulte de la présence d’une maison de retraite sur le territoire du quartier. Mais on trouve tout de même de vastes zones de vieillissement, notamment à Saint-Maur-des-Fossés ou Nogent-sur-Marne. On note également les écarts spectaculaires qui peuvent être observés à l’intérieur de certaines communes comme Fontenay-sous-Bois, avec une population très jeune du côté Nord et très vieille du côté Sud.
Le Haut Val de Marne est également un espace très contrasté, où le vieillissement est intimement lié à l’histoire de l’urbanisation et à l’étalement urbain.
Dans les communes du plateau urbanisées tardivement comme Marolles ou la Queue-en-Brie, la population qui s’est installée dans les années 2000 à 2010 était composée de jeunes actifs (25-30 ans) qui ont eu plusieurs enfants. Les personnes âgées étaient rares dans ces espaces et la jeunesse de la population est donc le résultat de la date tardive de croissance urbaine.
Dans les communes situés sur le talus comme Boissy, Sucy ou Chennevières, les contrastes démographiques sont beaucoup plus accusés et reflètent cette fois-ci des choix d’urbanisme plus anciens. Les zones de « pavillon de meulière » héritées des années 1920-1940 (Lois Loucheur) correspondent en général à des populations assez âgées, même si le changement des générations entraîne des rajeunissement cycliques. Pendant longtemps, le départ à la retraite des Parisiens vers la province a permis à de nouvelles générations de rajeunir régulièrement la population de ces quartiers. Il n’est pas certain que cela continue dans la mesure où beaucoup de zones rurales deviennent des déserts médicaux, incitant les personnes âgées à « rester en ville ». Les zones les plus jeunes de ces communes sont sans surprise les quartiers d’habitat collectif construits dans les années 1960 à 1980 (Fosse Rouge, Cité Verte, Haie Griselle, Bois l’Abbé, …). Le vieillissement a ici été limité jusqu’ici par l’ascenseur social. Ces quartiers attiraient de jeunes ménages à revenus modérés qui y louaient des appartements et y élevaient leur premier enfant. Ceux dont les revenus progressaient pouvaient ensuite devenir propriétaires et passer en maison individuelle ou dans des logements de plus grande taille dans d’autres quartiers. Il n’est toutefois pas certain que ce modèle puisse se poursuivre à l’avenir puisque la crise touche les plus modestes. Le processus de vieillissement dans les quartiers de personnes à revenu modeste et à fort taux de chômage n’est pas une hypothèse d’école …
4. La part croissante des plus de 60 ans : évolution 1999-2007
Si l’on examine plus précisément la tranche d’âge des plus de 60 ans, on peut tenter de repérer comment évolue leur distribution spatiale entre les deux recensements de 1999 et de 2007. Il y a malheureusement quelques lacunes pour 1999 puisque certaines communes comme Noiseau ou Ormesson n’étaient pas encore découpées en quartiers à cette date.
Nous ne commentons pas dans le détail les cartes de répartition des plus de 60 ans présentées ci-dessus, car elles rappellent sur bien des aspects la carte de l’âge moyen des habitants. On se bornera juste à noter la très grande hétérogénéité de Sucy-en-Brie et de Chennevières qui présentent des proportions très contrastées de plus de 60 ans d’un quartier à l’autre.
Le poids des plus de 60 ans dans la population totale augmente rapidement dans la population du Val de Marne mais contrairement à ce que l’on aurait pu penser, il ne touche pas spécialement les communes proches de Paris. Au contraire, celles-ci attirent désormais de plus en plus les jeunes ménages qui renoncent à construire une « petite maison dans la prairie » comme leurs aînés. Il vaut mieux désormais habiter en zone dense près d’une gare de RER …
Du coup, le vieillissement le plus marqué apparaît non pas à Saint-Maur ou à Nogent mais dans des communes plus éloignées comme Sucy-en-Brie, Boissy-Saint-Léger, Chennevières, La Queue-en-Brie, le Plessis Trévise. Certes, il ne s’agit encore que d’une tendance timide, mais il ne serait pas si surprenant de voir dans les années à venir la communauté de commune du Haut-Val de Marne se couvrir de résidences de personnes âgées, tandis que les crèches iront plutôt s’installer aux portes de Paris …
Claude Grasland
Militant Vert, Sucy-en-Brie
Pour en savoir plus :
Villes et
ANNEXE : Données statistiques sur la démographie des quartiers du Haut Val de Marne en 1999 et 2007
- Données du recensement de 1999
Atlas du Haut Val de Marne (4) : La vulnérabilité face au chômage
Nous abordons cette semaine le thème de l’impact de la crise économique sur l’emploi dans les communes et quartiers du Val de Marne. Il est encore trop tôt pour disposer de données récentes sur le chômage à l’échelle des quartiers après la crise. Mais il est instructifs d’étudier la situation en 2006 afin de voir quelles étaient alors les forces et les faiblesses des différents territoires
1. Evolution du taux de chômage dans le Val de Marne de 1982 à 2009
Le département du Val de Marne affichait un taux de chômage d’environ 8.5% à la fin de l’année 2009, ce qui était à peu près dans la moyenne de l’Ile de France mais beaucoup moins que dans l’ensemble de la France où le taux de chômage fin 2009 était déjà de 9.5%. Ces taux ont certainement augmenté depuis, mais on peut penser que le Val-de-Marne tout comme l’Ile de France sont légèrement moins touchés que le reste du pays.
En effet, l’analyse du chômage sur une période longue montre que, depuis 1982, le chômage a toujours été sensiblement plus faible en Ile de France que dans le reste du pays, sauf au début des années 2000 où il était à peu près égal. Quant au Val de Marne, il suit presque exactement la courbe générale de la région Ile de France, en étant presque toujours légèrement en dessous. Est-ce à dire que nous vivons dans un département privilégié en matière de chômage ?
La réalité est évidemment bien différente et ce qui caractérise tout
d’abord le Val de Marne c’est la formidable hétérogénéité des niveaux
de chômage d’une commune à l’autre ou même à l’intérieur des quartiers
d’une même commune
2. Le taux de chômage global par quartier dans le Val de Marne en 2006
Il n’a pas été très facile de réaliser la carte du chômage par quartier
en 2006 présentée ci-dessus car les données fournies par l’INSEE sur le
nombre de chômeurs étaient souvent incomplètes (zones en gris), soit
parce que le nombre d’actifs n’était pas suffisant pour calculer un
taux (l’INSEE ne publie pas les chiffres inférieurs à 5), soit parce
que pour une raison inconnue le nombre de chômeurs n’était pas
disponible dans un quartier précis alors même que le nombre de chômeurs
y est certainement supérieur à 5 (ex. quartiers du Plateau ou du Grand
Val à Sucy-en-Brie). Seconde difficulté, les données de chômage par
quartier concernaient l’année 2006 alors que les seuls données sur les
actifs l’étaient pour 2008 … Il a donc été nécessaire de calculer un
taux légèrement inexact en divisant le nombre de chômeurs 2006 par le
nombre d’actif en 2008. L’erreur est toutefois réduite dans la mesure
où la mobilité des actifs est assez réduite. En tout état de cause
cette erreur est probablement la même pour tous les quartiers et elle
ne nuit pas à une analyse comparative des situations.
Télécharger la carte au format PDF
Notre calcul aboutit à un taux de chômage moyen d’environ 9.9% pour l’ensemble du Val de Marne en 2006, alors que la statistique officielle n’indique qu’un taux de 8% à 8.5% pour le département cette année là. Il faut donc réduire nos estimations d’environ 1/10e pour se rapprocher du chiffre officiel.
Mais le plus important est ailleurs.Ce que montre la carte c’est l’incroyable différence de niveau de chômage entre les communes du Val de Marne et, plus encore, entre les quartiers. On va en effet de plus de 15% dans des quartiers ouvriers de Villejuif, Ivry ou Villeneuve Saint-Georges à moins de 5% dans des banlieues résidentielles cossues comme Ormesson ou Marolles. La communauté de commune du Haut Val de Marne apparaît de ce point de vue comme un espace privilégié où le taux de chômage moyen tourne autour de 7%, soit un tiers de moins que dans le reste du département.
3. Zoom sur le Haut Val de Marne : des contrastes gigantesques en matière de chômage
La communauté de commune du Haut-Val-de-Marne totalise tout de même environ 3300 chômeurs en 2006, comparer aux 46000 actifs de 2008. Même si le taux général de chômage y est faible, les contrastes y sont très accusés à l’intérieur même des communes.
A Chennevières par exemple, le taux de chômage varie de 4% dans le quartier « Paris » à 9% dans le quartier du Centre et près de 14% dans la partie du quartier du Bois-l’Abbé située sur son territoire. Ce taux atteint ensuite de 16 à 19% dans l’autre partie du quartier du Bois l’Abbé située sur le territoire de Champigny.
Mêmes contrastes à Boissy-Saint-Léger où le taux de chômage varie de 3.6% dans le quartier du Bois-Clary à plus de 16% dans le quartier Prévert qui détient le record de la communauté de commune du Haut Val de Marne.
A Sucy-en-Brie, les écarts semblent plus réduits plus que les taux ne vont que de 5.1% dans le quartier du Petit Val à 8.4% dans le quartier de la Fosse Rouge et 11.1% dans le quartier de la Cité Verte. Il manque toutefois les données pour les deux quartiers du Grand Val et du Plateau qui ont sans doute des taux faibles.
La carte du chômage rappelle évidemment beaucoup la carte des revenus et appelle les mêmes commentaires quant aux limites de la communauté de commune du Haut-Val-de-Marne : fondée sur un critère d’homogénéité politique et sociale, ce territoire relativement privilégié à l’échelle du département trace des frontières à l’intérieur d’espaces en difficultés qui nécessiteraient une collaboration élargie (Boissy-Limeil, Chennevières-Champigny, Sucy-Bonneuil, etc).
4. Spécificités du chômage des jeunes, des seniors et des femmes
On peut affiner un peu l’analyse en comparant pour chaque quartier le taux de chômage des jeunes actifs (moins de 25 ans), des actifs âgés (plus de 50 ans) ou des femmes au taux de chômage général. On s’intéresse alors à l’écart relatif entre le taux de chômage de ces catégories et celui de l’ensemble des actifs de la zone en prenant comme référence un indice 100 si les taux sont égaux. Par exemple, à Ormesson le taux de chômage général est de 5.4% alors que celui des moins de 25 ans y est de 6.6%. On peut donc dire que, même si le chômage est faible dans cette commune, le chômage des jeunes y est sensiblement plus élevés que celui des autres actifs. Ce qu’on peut exprimer par l’indice de spécificité 122 (100 x 6.6 / 5.4) qui montre que le chômage des jeunes est 22% plus fort que celui des actifs d’Ormesson.
L’analyse détaillée des spécificités présentées sur les cartes ci-dessus et dans l’annexe statistique montre que dans les communes du Haut-Val de Marne, le chômage des plus de 50 ans est presque toujours plus faible que la moyenne générale. On comprend assez bien pourquoi si on imagine que c’est précisément la présence d’une emploi stable et bien rémunéré qui a permis l’installation dans des communes où le prix du foncier est assez élevé. Ce sont souvent des personnes installées vers l’âge de 30 ans qui résident toujours dans les mêmes maisons individuelles construites dans les années 1990.
Le taux de chômage des femmes est en revanche significativement plus élevé que celui des hommes dans cette partie du Val de Marne. Cela peut s’expliquer par une absence d’emplois de proximité comme nous l’avions montré dans l’analyse de la carte de répartition des emplois et des actifs. Dans la division traditionnelle des rôles, l’homme va travailler loin (en voiture …) et la femme ne peut prendre un emploi en plus de la charge de s’occuper des enfants que si cet emploi est proche.
On notera enfin que le taux de chômage des jeunes présente des spécificités variables dans les communes du Haut Val de Marne. Il est plus faible que la moyenne des actifs dans des communes comme Sucy-en-Brie, mais nettement plus élevé à Ormesson ou La Queue en Brie.
Claude Grasland
Militant Vert, Sucy-en-Brie
ANNEXE : Données statistiques sur le taux de chômage des quartiers du Haut Val de Marne en 2006
Atlas du Haut Val de Marne (3) : La dépendance automobile
Après avoir étudié la distribution des revenus et celle des emplois, nous passons à l’analyse d’un indicateur fondamental en matière de développement durable : le nombre d’automobiles par ménage. Il s’agit d’un puissant révélateur à la fois des inégalités en matière de revenu et des inégalités en matière d’accès aux transports en commun. C’est aussi un indicateur très politique, tant l’automobile a fini par créer une véritable « dépendance » chez ses utilisateurs, dépendance qui est exploitée sans vergogne par des lobbies politico-industriels
1. Critère retenu : le nombre d’automobile par ménage au recensement de 2007
Il faut commencer cette chronique par un grand coup de chapeau à l’INSEE qui vient de publier le 1er septembre 2010 l’ensemble des données du recensement de 2007 par IRIS c’est-à-dire par quartiers pour l’ensemble de la France entière. Les données sont accessibles sur le site des données infracommunales du recensement 2007. On peut y télécharger aussi bien les données relatives aux habitants, aux logements, aux emplois …et y trouver aussi bien la pyramide des âges que le nombre de naissances, de chômeurs, de cadres, etc dans chaque quartier de la France entière ! Le seul problème est la taille gigantesque des fichiers (de 20 à 40 Mo chacun) et la difficulté à passer des données statistiques aux cartes (le fond de carte des IRIS ne pouvant être téléchargé que commune par commune). A quand un outil de cartographie interactive accessible au grand public ?
En attendant, les Verts de Sucy s’efforcent de vous informer en produisant quelques cartes intéressantes pour le débat citoyen. Cette semaine, nous allons nous intéresser à la distribution des ménages (habitants d’un même logement) en fonction du nombre d’automobiles qu’ils possèdent. L’INSEE nous fournit à la fois le nombre de ménages total, ceux qui ont une seule automobile et ceux qui en ont deux ou plus. On peut donc en déduire par soustraction le nombre de ménages qui n’ont pas d’automobile et construire une typologie des quartiers selon que les habitants ont un nombre plus ou moins important d’automobiles à l’aide d’un diagramme triangulaire
Sur ce graphique, chaque point représente un quartier en fonction du % de ménages qui ont 0, 1 ou plus de deux automobiles. Par exemple, les points verts foncés correspondent aux quartiers où 50% des ménages n’ont pas d’automobile (majorité absolue) tandis que les points verts clairs sont ceux ou la majorité relative des habitants n’ont pas d’automobile (exemple : 40% sans automobile, 35% avec une automobile et 25% avec deux automobiles). On définit de la même manière les quartiers où les habitants ayant deux automobiles représentent la majorité absolue (rouge foncé) ou la majorité relative (rouge clair). Idem pour le cas le plus fréquent où les ménages ayant une seule automobile représentent la majorité absolue (jaune foncé) ou la majorité relative (jaune clair). On peut alors réaliser une cartographie de la situation automobile des ménages à l’échelle de l’ensemble des quartiers du Val de Marne.
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Cette première carte permet de repérer d’emblée la singularité du sud-est du Val-de-Marne, caractérisé par la présence majoritaire de ménages ayant deux automobiles ou plus (rouge ou rose foncé) tandis que les quartiers les plus proches de Paris (en vert) sont les seuls où l’on trouve parfois une majorité de ménages sans automobile. Ceci est évidemment lié à la présence d’une plus forte densité de transports en commun mais aussi d’emplois à proximité de leur domicile. La situation dominante du Val-de-Marne est en tous les cas celle de ménages ayant le plus souvent une seule automobile (en jaune).
2. Le taux de dépendance automobile dans le Val de Marne : le rôle des transports en commun
Pour pouvoir synthétiser plus efficacement la dépendance automobile, nous avons procédé à une estimation minimale du nombre d’automobiles dans chaque quartier en faisant l’hypothèse que les ménages ayant deux automobiles ou plus en ont exactement deux. Par exemple, l’INSEE nous indique que le quartier Notre-Dame/les Bruyères de Sucy-en Brie comporte 917 ménages dont 388 ont une seule automobile et 493 ont deux automobiles ou plus. On en déduit que 36 ménages seulement n’ont pas d’automobile dans ce quartier riche et excentré (soit 917-388-493). On peut alors estimer le nombre minimal d’automobiles à 1373 (soit 36×0 + 388 x 1 + 493 x 2), sachant qu’il est sans doute supérieur puisque nous avons compté seulement 2 automobiles en moyenne pour les ménages en ayant « 2 ou plus ». On peut alors calculer la dépendance automobile de ce quartier en divisant le nombre minimum d’automobile par le nombre de ménage, ce qui donne 1.50 automobiles par ménage (soit 1373/917). On pourrait également calculer le nombre d’automobiles par habitant, mais il semble préférable de s’en tenir au critère des ménages.
Le niveau moyen de dépendance automobile dans le Val de Marne est de 0.9 automobile par ménage mais cette valeur de référence cache de gigantesques différences puisque les valeurs observées dans les différents quartiers vont de moins de 0.5 dans certains quartiers de Vincennes proches de Paris à plus de 1.6 dans des communes périphériques comme Santeny.
Téléchargez la carte au format PDF
Ce qui frappe à l’évidence au vu de cette carte est la relation nette entre la dépendance automobile et la distance à Paris et, plus généralement, la distance aux réseaux de transport en commun (RER, métro, bus en site propre, …). Beaucoup plus que le revenu des habitants (qui intervient tout de même aussi), on est frappé de voir à quel point les angles morts du réseau de transport en commun constituent des niches majeures pour l’automobile.
Il faut également souligner que ces angles morts du transport en commun sont aussi des zones à faible densité, souvent occupées par de grands massifs forestiers (Forêt Notre Dame) ce qui rend difficile et non-rentable la mise en place d’infrastructures lourdes de type RER. On y trouve en revanche de grandes rocades autoroutières (francilienne) qui ont été à l’origine d’une urbanisation opportuniste provoquant un mitage irréversible des espaces agricoles et naturels.
C’est bel et bien une cartographie du développement non-durable qui est mise en évidence par cette cartographie de la dépendance automobile, et on comprend mieux à quel point le concept de ville dense est important pour réduire à la fois les nuisances automobiles et la destruction des espaces naturels. De ce point de vue, le sud-est du Val de Marne apparaît comme l’espace le plus pathologique en matière de dépendance automobile.
3. Zoom sur le Haut Val de Marne : le rôle de la richesse par habitant et de l’urbanisation sauvage
La communauté de commune du Haut-Val-de-Marne rassemble 38703 ménages selon le recensement de 2007. Parmi ceux-ci, on en trouve 5778 (15%) n’ayant pas de voiture, 19364 (50%) ayant une seule voiture et 13561 (35%) ayant deux voitures ou plus. On peut donc calculer que les 7 communes rassemblent au minimum 46487 voitures (et sans doute plus !) ce qui donne un taux de dépendance automobile de 1.20 automobiles par ménage pour la Communauté de Communes du Haut-Val-de-Marne, ce qui est beaucoup plus que la moyenne du département (0.90). On pourrait certes objecter que les ménages sont souvent de plus grande taille en périphérie (familles avec enfant) ce qui expliquerait un nombre plus élevé d’automobiles. Mais la véritable raison est bel et bien l’éloignement des infrastructures de transport collectif qui est liée au développement de lotissements isolés de maisons individuelles, destinés souvent aux populations les plus aisées.
On notera également avec intérêt que la relation entre dépendance automobile et revenu médian des habitants est très forte dans les communes du Haut-Val-de-Marne, alors qu’elle ne joue guère lorsque l’on se rapproche de Paris.
Le graphique montre très clairement que les quartiers à haut revenus sont clairement ceux qui utilisent le plus l’automobile dans le Haut Val de Marne, précisément parce qu’ils se sont implantés loin des gares dans des lotissements dits « de prestige » qui sont en fait des espaces de refuge pour se retrouver « entre soi ». On ne trouverait pas une telle corrélation près de Paris ou même à Saint-Maur, car ici les habitants riches forment des masses plus compactes sur de vastes territoires et ils n’ont pas forcément besoin de s’isoler pour se retrouver « entre soi » … Ils utilisent donc moins l’automobile et n’hésitent pas à utiliser à leur tour les transports en commun.
On le voit, il faut faire appel non seulement à la géographie ou l’économie mais aussi à la sociologie et l’histoire pour comprendre la situation actuelle de dépendance automobile des quartiers des communes du Haut-Val-de-Marne. Il est en tous les cas plaisant de constater que justice sociale et développement durable marchent ici ensemble car ce sont les plus modestes qui sont les plus respectueux de l’environnement et les plus riches qui détruisent l’environnement et subissent de plein fouet la dépendance automobile. Réduire les inégalités sociales de revenu pourrait donc être plus que bénéfique pour l’environnement !
Claude Grasland
Militant Vert, Sucy-en-brie
ANNEXE : Données statistiques sur la dépendance automobile des quartiers du Haut Val de Marne
Atlas du Haut Val de Marne (2) : la distribution des emplois et des actifs
Après avoir étudié la distributions des revenus par unité de consommation, nous allons aborder ici la question de la répartition spatiale des emplois et des actifs. Il s’agit en effet d’un enjeu majeur, tant sur le plan politique (taxe professionnelle) que sur le plan écologique (énergie dépensée en raison des distance domicile-travail) et sur le plan social (difficulté à trouver un emploi près de chez soi)
1. Critère retenu : le rapport entre nombre d’emploi (2008) et nombre de salariés (2006)
Les emplois sont-ils situés à proximité du domicile des employés ? En d’autre terme, peut-on trouver dans chaque commune ou chaque quartier autant d’emploi qu’il n’y a d’actifs. On peut tenter de répondre à cette question à l’aide du site des données locales de l’INSEE en téléchargeant successivement la distribution des actifs en 2006 (travailleurs au lieu de domicile) et la distribution des emplois en 2008 (travilleurs au lieu de travail). Même si les deux dates ne coïncident pas exactement, la comparaison des deux distributions est très instrctive :
On voit tout de suite que les emplois (cercles rouges) se concentrent dans quelques zones précises (Rungis, Créteil, Port de Bonneuil) tandis que les actifs sont dispersés dans toutes les communes et les quartiers. Il ne peut sans doute pas y avoir de coïncidence parfaite, mais on demeure frappé par le déficit d’emploi de certains quartiers et de certaines communes, ce que l’on peut mieux visualiser en créant un rapport Emploi / Actifs qui devrait théoriquement valoir 1 dans les territoires qui ont un nombre d’emploi égal à celui de leurs actifs (même si cela ne veut pas dire que tous travaillent sur place).
2. LE RATIO EMPLOI/ACTIFS : DES PÔLES D’EMPLOI PRES DE PARIS ET DES AXES DE TRANSPORT, DES BANLIEUES DORTOIR AILLEURS.
Dans l’ensemble du Val de Marne, l’INSEE dénombre 498 000 emplois en 2008, à comparer aux 581 000 actifs de 2006. Le rapport emploi/actif y est donc de 0.85 emplois par actif, ce qui est plutôt défavorable et implique qu’une bonne partie des habitants du Val-de-Marne sont obligés d’aller travailler en dehors de celui-ci, en particulier à Paris et dans les Hauts de Seine.
Les contrastes sont également très forts à l’intérieur du Val de Marne car on a eu tendance dans le passé à concentrer les activités dans des zones spécialisées, loin des zones d’habitat. On va ainsi passer de quartiers concentrant les emplois avec pour ainsi dire aucun habitant (orange-rouge sur la carte) à des quartiers n’ayant pour ainsi dire aucun emploi mais beaucoup d’habitants (bleus foncés sur la carte).
Cet urbanisme à l’ancienne qui découpait l’espace en zones spécialisées dans le travail ou dans le sommeil est responsable de bien des problèmes présents, notamment en ce qui concerne les distances domicile travail et l’usage de l’automobile.
L’urbanisme moderne va au contraire tenter d’intégrer emploi et habitat dans les même quartiers, à l’instar du nouveau quartier Paris-Rive gauche situé dans le 13e arrondissement. Mais il est évidemment plus facile de créer un urbanisme réussi en partant d’un terrain vierge. Et il faut aussi faire avec les héritages passés.
3. ZOOM SUR LA COMMUNAUTE DE COMMUNE DU HAUT-VAL DE MARNE
La communauté de commune du Haut-Val de Marne est composée en majorité de quartiers-dortoirs avec un niveau général très faible de 0.6 emplois par actif résident. Il y a évidemment quelques quartiers concentrant plus d’emploi, notamment :
- Le quartier de la gare RER à Boissy-Saint-Léger
- le quartier de la gare RER à Sucy-en-Brie
- les zones d’activités proche de la RN4 à Chennevières
Il n’en demeure pas moins vrai que ce que la carte montre c’est une fois de plus l’absurdité des frontières de la communauté de communes du Haut-Val-de-Marne, en particulier la coupure qui la sépare de Bonneuil-sur-Marne et Limeil-Brévannes. On imagine bien les raisons politiques qui ont présidé autrefois à ce découpage (mettre ensemble les communes « de Droite » et « de Gauche ») et qui ont sans doute répondu à une volonté commune des élus de part et d’autre … Mais on ne peut que déplorer l’absurdité fonctionnelle de ce découpage sur les plans économique, social et écologique.
Car enfin, si l’on veut réellement rapprocher l’emploi de l’habitat, si l’on veut construire dans le Val de Marne des zones d’activité comparables à celles de l’Ouest parisien, ce n’est certainement pas en se tournant le dos et en tirant chacun de son côté un espace stratégique commun. C’est en effet sur les confins de Boissy et de Limeil, de Sucy et de Bonneuil, qu’on pourrait mener les projets les plus ambitieux en matière d’intégration de zones d’habitat et d’emploi. C’est là et nulle part ailleurs que l’on pourrait construire des écoquartiers proche des transports en communs, où les habitants pourraient travailler tout près de chez eux, sans être obligés de prendre leur voiture … Bref, c’est dans ces confins du plateau de Brie et de la Plaine de la Seine que se joue l’avenir des communes qui se tournent le dos de part et d’autre !
« Frontière, n.f. : en géographie politique, ligne imaginaire séparant les droits imaginaires d’un pays des droits imaginaires d’un autre pays . » (A. Bierce, Le Dictionnaire du Diable)
Claude Grasland
Militant Vert, Sucy-en-Brie
Annexe : Données statistiques sur l’emploi des quartiers et des communes du Haut Val de Marne en 2006-2008
Source : Insee, données infra-urbaines